Attendre le déclic, plus efficace que d’analyser

Pour son expérience, publiée dans la revue Cognition, l’équipe de recherche a constitué 70 mots mystères que des étudiantes et des étudiants devaient identifier soit en utilisant la pensée analytique, soit au moyen d’associations d’idées spontanées. Pour trois mots donnés, ils devaient en trouver un quatrième. Par exemple : le mot « fleur » peut être associé aux mots « chou », « bouquet » et « champ » : chou-fleur, bouquet de fleurs, fleur des champs.
Les 105 participant-e-s, majoritairement des femmes, ont dû résoudre chaque énigme en 25 secondes. Une fois la réponse trouvée, ils devaient indiquer s’ils étaient parvenus au résultat grâce à un déclic, c’est-à-dire si « la solution leur était apparue de façon claire et soudaine », ou bien de façon progressive, « sans déclic particulier ».Les participant-e-s ont été divisés en trois groupes. Le premier groupe a reçu uniquement les énigmes. Pour le deuxième groupe, deux chiffres aléatoires qu’ils devaient mémoriser clignotaient à l’écran avant que les mots n’apparaissent. Le troisième groupe devait retenir quatre chiffres au lieu de deux. Le but de cet exercice de chiffres étant d’occuper le cerveau des participant-e-s, afin de réduire leur capacité à résoudre des problèmes de manière logique. Mais quel est l’impact sur leur capacité à trouver des solutions spontanées ?
Comme on pouvait s’y attendre, plus l’exercice de mémorisation était difficile, plus les participant-e-s ont obtenu de mauvais résultats en ayant recours à la pensée analytique. Ils sont ainsi parvenus à résoudre correctement 16 énigmes en moyenne lorsqu’ils n’avaient pas de chiffres à retenir, contre 12 lorsqu’il fallait retenir deux chiffres et 8 lorsqu’il fallait retenir quatre chiffres. Lorsque les participant-e-s se fiaient à une intuition spontanée, l’équipe de recherche a observé non seulement une augmentation significative du taux de réussite, mais également l’absence de diminution de ce même taux lorsqu’un travail de mémorisation venait compliquer l’exercice. Les participant-e-s qui attendaient un déclic ont résolu correctement entre 17 et 19 énigmes en moyenne. « Indépendamment du fait qu’ils aient eu un exercice de mémorisation supplémentaire ou non, plus ou moins difficile, l’ensemble des participant-e-s ont résolu un nombre équivalent d’énigmes avec perspicacité », explique le directeur de l’étude Hans Stuyck dans la revue Spektrum.
Notre cerveau fait beaucoup de choses de manière inconsciente. C’est pourquoi nous ne sommes pas toujours conscients de ce qui influence nos décisions. Le domaine de la psychologie cognitive se pose toutefois la question de savoir si une véritable pensée peut avoir lieu en dessous du niveau de conscience. « C’est un sujet qui fait beaucoup débat dans la littérature », explique Hans Stuyck.
Stuyck, H., Cleeremans, A., & Van den Bussche, E. (2022). Aha! under pressure: The Aha! experience is not constrained by cognitive load. Cognition, 219. doi: 10.1016/j.cognition.2021.104946
Commentaires
Les commentaires ont pour objectif d’ouvrir un dialogue constructif, ainsi que de favoriser la formation de l’opinion et le débat d’idées. La FSP se réserve le droit de supprimer tous les commentaires qui ne répondent pas à ces objectifs.