Le blog de Psychoscope - La psychanalyse et les racines de la psyché
Il y a plus d’un siècle, Sigmund Freud a jeté les bases de la psychothérapie moderne; sa première patiente appelait d’ailleurs sa méthode une «talking cure». L’objectif était de comprendre une souffrance psychique inexpliquée des patients et d’en parler afin d’induire des modifications au niveau du bien-être et du comportement. A cet effet, Freud a mis en avant la libido, c’est-à-dire les forces psychiques relationnelles et pulsionnelles qui agissent sur la capacité de travailler, d’aimer et d’apprécier la vie.
A la fin de l’époque victorienne, Freud a analysé les répercussions, dictées par les normes sociales et génératrices de troubles psychiques, sur les capacités naturelles de la psyché, notamment en rapport avec l’hystérie, qui était très répandue à l’époque. Il a également étudié sur le plan thérapeutique les troubles anxieux, obsessionnels, dépressifs et psychotiques, tout comme les incidences psychiques de la Première Guerre mondiale dans les névroses traumatiques et les chocs psychologiques. Entre-temps, ces affections sont regroupées sous l’appellation «trouble de stress post-traumatique», observé par exemple aujourd’hui à la suite des catastrophes environnementales toujours plus nombreuses et des migrations internationales.
A ce sujet, le psychanalyste américain Howard B. Levine, membre de la Contemporary Freudian Society et Faculty-Member New York University Postdoctoral Program in Psychotherapy and Psychoanalysis, dresse le bilan des dernières découvertes de la recherche psychanalytique internationale dans «Reflections on Therapeutic Action and the Origins of Psychic Life» (2020). Précisant la pensée de Freud, la psychanalyse actuelle fait passer au premier plan les racines de la psyché dans les événements relationnels tout au long de la vie.

Les principales extensions théoriques et thérapeutiques de concepts psychanalytiques de Klein, Winnicott, Bion, Aulagnier, Green, Roussillon et les Botella sont décrites. Grâce à ces recherches psychanalytiques fondées sur des preuves, un psychanalyste est désormais en mesure de reconstruire des contextes de troubles, même lorsqu’ils ne sont pas représentés cognitivement, afin de traiter par l’analyse la souffrance psychique ancrée dans l’inconscient de patients sans mémoire. Les reconstructions dans l’analyse permettent au patient de procéder à une régulation psychique de sa souffrance.
Howard Levine illustre cet aspect à l’aide de deux exemples: la célèbre présentation du cas d’un garçon autiste par Alvarez (2010) et l’analyse d’un étudiant qui, en raison d’un retrait social associé à la négligence émotionnelle de sa famille, s’est retrouvé dans un état de dépersonnalisation inexplicable. A la différence de ce qui se pratique dans le traitement de l’autisme, où l’objectif est de générer des représentations psychiques, Levine se concentre sur la réactivation et la régulation du monde émotionnel réduit à néant par le traumatisme.
Étude:
Alvarez, a. (2010): Levels of analytic work and levels of pathology: The work of calibration. International Journal of Psychoanalysis, 91, 859-878.
Levine, H.B. (2020): Reflexions on the therapeutic action and the origins of psychic life. Journal of the American Psychoanalytic Association, JAPA, 68, 1, 9-25
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