Le blog de Psychoscope – Parents hélicoptères d’un côté, négligence de l’autre

Miriam Vogel
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La négligence émotionnelle est une cause taboue de certaines maladies physiques, cognitives et psychiques de longue durée. Quasi invisible, elle prend désormais une dimension épidémique.

À l’inverse, les parents surprotecteurs, dits parents hélicoptères, et leurs enfants perturbés attirent davantage l’attention. Pendant la première année de la pandémie de coronavirus, Allan Guggenbühl (2020), professeur à la Haute école pédagogique de Zurich et expert en prévention de la violence, a donné à ces parents le conseil suivant: «Les enfants ont besoin d’un sain degré de négligence».

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Miriam Vogel
Dr. phil.
Psychologue spécialiste en psychothérapie FSP, en psychologie clinique FSP et en psychologie de l'enfance et de l'adolescence FSP
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Selon le Robert, le verbe «négliger» signifie: «Porter à quelqu’un moins d’attention, d’affection qu’on le devrait». Pour Kai von Klitzing (2022), professeur de psychiatrie et de psychothérapie de l’enfance et de l’adolescence à l’Université de Leipzig et chercheur de longue date sur les relations parents-enfants, une forme de maltraitance des enfants progresse lentement mais sûrement. Elle n’est toutefois guère abordée dans la littérature spécialisée ni dans les médias. Au printemps et à l’été 2021, après le premier confinement, «les services ambulatoires et les cliniques ont été submergés par l’arrivée d’enfants en grande détresse. Le problème principal n’était pas et n’est toujours pas une augmentation massive des troubles psychiques. Il résidait plutôt dans le fait que des enfants déjà confrontés à des conditions précaires voyaient leur situation se dégrader encore davantage ».

Le livre «Vernachlässigung» (Négligence, 2022) de Klitzling détaille, à l’aide de nombreux cas de figure parlants, les causes de ces maltraitances et les possibilités thérapeutiques pour ces enfants et leurs parents dans les domaines de la médecine, de la psychologie, de la psychothérapie, de la pédagogie sociale et de la jurisprudence. 

Exemple de cas: Une jeune fille de 13 ans vivait de façon totalement délaissée avec des parents surchargés. Pendant le premier confinement, elle a soudain été coupée des contacts importants à l’école avec ses professeurs et les camarades de son âge. Face à cette solitude, elle a commencé à se centrer sur elle-même: elle effectuait chaque jour plusieurs heures d’exercices physiques et comptait les calories pour que son corps ressemble de plus en plus à ce qu’elle considérait comme l’idéal prôné par la société. À la réouverture, lorsqu’elle est retournée à l’école, elle avait dangereusement maigri sans que ses parents ne se rendent compte de rien.

Des causes biologiques ou sociales?
«Les symptômes et les troubles psychiques sont-ils principalement d’origine biologique ou découlent-ils d’expériences sociales? Cette controverse est devenue caduque au plus tard depuis les découvertes révolutionnaires sur l’importance de l’épigénétique. Les expériences négatives vécues pendant la petite enfance, en particulier, ont une influence considérable non seulement sur l’architecture du cerveau, mais aussi sur l’activité de certains gènes qui pilotent la régulation humaine du stress. Ces résultats étayent le point de vue selon lequel les processus biologiques, psychiques et sociaux interagissent de façon approfondie et ne peuvent se concevoir que dans leur globalité (avant-propos)». 

Le livre de Klitzing est divisé en deux parties: le diagnostic (c’est-à-dire le problème) et le traitement:
1re partie. Le problème: sept chapitres présentent les définitions, les formes, la prévalence et la perspective interculturelle; les aspects psychiques, sociaux et biologiques des compétences parentales; les conséquences physiques et psychiques de la négligence chez l’enfant; les répercussions neurobiologiques et comportementales de la négligence; les enfants négligés dans l’aide à la jeunesse et le vécu psychique de l’enfant négligé.
2e partie. Le traitement: trois chapitres fournissent un aperçu des méthodes de traitement psychanalytiques; avec des recommandations sur la protection de l’enfance, l’accompagnement et les aides à l’éducation, le tout à l’aide du manuel de traitement «Individualisierte Kind- und Elternorientierte Therapie (iKET) (Thérapie individualisée axée sur l’enfant et les parents, p. 144-234). Les recommandations thérapeutiques échelonnées s’appuient sur les facultés parentales de mentalisation (Fonagy et al, 2004) et de relation triadique (von Klitzing, 1999, 2019, 2002). 

Un ouvrage à recommander aux spécialistes qui s’occupent de manière interprofessionnelle du traitement de telles atteintes psychiques chez des enfants et des jeunes, le but étant que celles-ci ne se répètent pas au fil des générations. 
 

Bibliographie

Fonagy, P., Gergely, G., Jurist, E., & Target, M. (2004). Affektregulierung, Mentalisierung und Entwicklung des Selbst. Stuttgart: Klett-Cotta.
Guggenbühl, A. (2020).«Kinder brauchen ein gesundes Mass an Vernachlässigung». Fritz&Fränzi – Das Schweizer Eltern Magazin, 23. August 2020.   
von Klitzing, K. (2022). Vernachlässigung. Betreuung und Therapie von emotional vernachlässigten und misshandelten Kindern. Stuttgart: Klett-Cotta.
von Klitzing, K. (2019). Reaktive Bindungsstörungen. Switzerland: Springer Nature.
von Klitzing, K. (2002). Frühe Entwicklung im Längsschnitt. Von der Beziehungswelt des Kinds zur Vorstellungswelt des Kindes. Psyche, 56, 863-887. 
von Klitzing, K., Simoni, H., & Bürgin, D. (1999). Infant development and early triadic family relationships. Int J Psychoanalyse, 80, 71-89.
 

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