Une action de prévention innovante
Le programme « Warningmeth » est issu d’une collaboration entre la Police neuchâteloise, le Ministère public et la Fondation Addiction Neuchâtel. Il vise une action de prévention sur les consommateurs pour lesquels les moyens légaux n’exercent qu’une faible pression. En effet, les consommateurs risquent, s’ils se font arrêter par la police, une amende. Ce programme s’articule ainsi: lorsqu’une personne est interpellée une première fois ou une deuxième fois à en raison d’une consommation, la police lui propose soit une dénonciation au ministère public, soit un signalement à la Fondation Addiction pour un programme d’information de quatre séances d’une heure, à suivre sur une période d’environ six semaines. Lors de ces séances, d’approche cognitivo-comportementale, la personne reçoit des informations relatives aux risques du produit, à la place dans ce dernier dans sa vie ainsi, qu’un soutien dans la compréhension de son fonctionnement. Si elle participe aux quatre séances, la poursuite pénale est classée. Il ne reste qu’une main-courante pour, qu’en cas de récidive, la police puisse savoir que le programme a déjà été proposé et suivi. A la fin des quatre séances, la personne peut poursuivre la prise en charge en mode volontaire. Un monitorage est mis en place, dans le cadre duquel les personnes sont rappelées six mois plus tard pour mesurer l’impact de ce programme.
Concernant les résultats, l’auteur relève qu’un tiers des personnes ont émis le souhait de suivre une psychothérapie plus longue en mode volontaire. Environ 10% était des mineurs, 25% avaient entre 18-25 ans et environ 50% étaient âgés entre 26-35 ans. Les ¾ ont participé aux quatre séances prévues, 79% n’avaient pas reconsommé de méthamphétamines pendant les deux semaines qui précédaient la quatrième séance et 71% pendant les deux semaines qui précédaient l’entretien téléphonique six mois plus tard. Il n’existe par contre pas de statistiques de récidive.
Sans entrer dans l’illusion que ce programme pourrait éradiquer la consommation, cette initiative a le mérite d’allier les logiques de soin et de contrainte, en tenant en compte des besoins de la personne. L’effet préventif peut être relevé dans le sens où une augmentation des demandes de suivi ont eu lieu et les résultats précédemment mentionnés restent encourageants. De plus, cette expérience pourrait s’étendre également pour d’autres produits et pourrait être mise en place dans d’autres cantons, désireux de prendre en charge de manière novatrice, un problème de santé publique.
Corinne Walliser
29/05/2020