Le blog de Psychoscope – La douleur psychique chez les enfants et les adolescents
«Les parents et les autres personnes qui s’occupent des enfants jouent un rôle non négligeable en raison de leur comportement face à la douleur de leur enfant. Leur attitude et celle de leur famille face à la douleur (qu’ils l’exagèrent, ne la prennent pas assez au sérieux ou y réagissent de manière inadéquate) constitue le premier élément de résonance auquel le nourrisson s’identifie.» «Les parents qui se souviennent consciemment de la douleur et de la souffrance qu’ils ont endurées dans leur enfance évitent généralement de reproduire aveuglément la même chose avec leur enfant.» Dans leur dernier ouvrage, Bürgin & Steck (2021) décrivent, en s’appuyant sur leur expérience de plusieurs dizaines d’années, les souffrances qui peuvent être transmises.
Les douleurs psychiques des enfants et des adolescents, ici, parmi nous, sont souvent à peine visibles et se manifestent par les symptômes les plus divers: agitation physique et émotionnelle, tension, anxiété, troubles du comportement sans diagnostic de TDAH (!) et vice-versa, retrait social, dépression, voire apathie. Le souvenir «efface» bien souvent la «douleur psychique» initiale. Elle peut toutefois être ravivée, ramenée à la conscience à l’occasion d’une relation analytique-thérapeutique et ainsi être soulagée.

POURQUOI les «douleurs psychiques» ne sont-elles pas «effacées» dans l’inconscient?
Dieter Bürgin, Prof. em. Dr. med., professeur ordinaire et médecin en chef de longue date à la clinique psychiatrique universitaire pour enfants et adolescents de Bâle, analyste formateur de la Société suisse de psychanalyse (SSPsa) et
Barbara Steck, Dr méd., privat docent en psychiatrie et psychothérapie infantile et juvénile à l’Université de Bâle, riche d’une longue expérience aux cliniques universitaires de psychiatrie infantile et juvénile de Bâle et de Lausanne, psychanalyste et thérapeute de famille,
ont accepté de répondre à nos questions.
On connaît l’origine évolutive de l’expression émotionnelle de la douleur depuis Darwin (1872). Elle est un appel à l’aide et déclenche des réponses et des réactions prosociales. «Chez tous les êtres vivants, la fonction de la douleur est de protéger le corps de tout dommage; en fin de compte, la douleur sert à prolonger la vie» (Bürgin et al. 2021, p. 37).
La «Child & Adolescent Health Commission», une commission internationale qui existe depuis déjà 200 ans, constate que «le ressenti de la douleur concerne tous les enfants. L’expérience personnelle et psychique de la douleur passe souvent inaperçue, n’est pas verbalisée, voire même ignorée. Une douleur non traitée, non reconnue ou mal traitée pendant l’enfance entraîne des conséquences négatives graves et durables qui perdurent à l’âge adulte sous forme de douleurs chroniques, de handicaps et de souffrances. Il convient de mettre à disposition de meilleurs moyens de détection et d’identification de la douleur, de faciliter l’accès aux traitements de la douleur et de développer des modèles thérapeutiques plus favorables» (Bürgin et al. 2021, p. 49).
OÙ est la «douleur psychique» est-elle enregistrée?
Bürgin & Steck décrivent les aspects neurobiologiques dans le traitement de la douleur et du stress en cas de traumatisme psychique et dans les troubles de stress post-traumatique. «Les mécanismes neuronaux impliqués dans la douleur psychique et dans la douleur physique sont bien les mêmes», à savoir le gyrus cingulaire antérieur, le thalamus dorsomédial et le gris périaqueducal (Eisenberger et al. 2003 ; Panksepp 2003). «Les neurotransmetteurs (opiacés, endorphines, ocytocine et prolactine) qui régulent la douleur physique contrôlent également les sentiments de douleur en cas de séparation. La sensation de douleur est modulée par l’action de composantes émotionnelles et cognitives. L’état affectif de l’anxiété et de la dépression influence l’expérience de la douleur. La douleur et le stress sont traités dans les mêmes régions du cerveau. Si les besoins fondamentaux d’un enfant ne sont pas assurés par des figures d’attachement stables, aimantes et fiables, c’est le développement de la personnalité et de la santé de l’enfant qui sont directement et durablement menacés.» (Bürgin et al. 2021, p. 37-39).
COMMENT la «douleur psychique» peut-elle être soulagée?
«Dans une psychothérapie analytique, l’objectif du traitement des traumatismes est de réduire la forte intensité de la charge émotionnelle, d’élaborer un certain sens de l’expérience et de saisir la nature du traitement du traumatisme dans son impact sur le développement» (Bürgin et al. 2021, p. 162).
Bürgin et Steck expliquent, à l’aide de nombreux exemples de cas, avec quelles connaissances et quelle approche thérapeutique ils ont appris à connaître et traité les «douleurs psychiques» de manière individuelle et spécifique avec des enfants en bas âge et leurs parents, mais aussi des écoliers et des adolescents. Une expérience d’envergure qui montre la voie à suivre pour tous les thérapeutes en psychologie infantile et juvénile.
Bibliographie
Bürgin, D., & Steck, B. (2021). Seelischer Schmerz bei Kindern und Jugendlichen. Psychoanalytisch-psychotherapeutische Perspektiven. Frankfurt a.M.: Brandes & Apsel.
Darwin, Ch. (1872). The expression of the emotions in man and animals. London: John Murray.
Eisenberger, N. I., Liebermann, M. D., & Williams, K. D. (2003). Does rejection hurt? An FMRI study of social exclusion. Science, 302(5643), 290-292.
Panksepp, J. (2003). Neuroscience. Feeling the pain of social loss. Science, 302(5643), 237-239.
Commenti
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Spannend dabei ist auch, dass körperlicher Schmerz hingegen stärker wird, wenn man ihm mit Empathie begegnet.
Adrian Oertli
12/07/2022